Depuis plusieurs années, les gestionnaires de fonds d’investissement ont introduit de nouveaux critères destinés à sélectionner les actifs dans lesquels investir l’épargne de leurs clients.

Dans un monde dont historiquement le seul juge de paix a été la rentabilité, l’introduction de critères basés sur des engagements environnementaux et sociaux est une vraie révolution.

Dans cette phase d’appropriation de ces nouveaux critères, il est devenu parfois difficile de décoder le contenu ou tout du moins la philosophie d’investissement retenue par les sociétés de gestion.

S’agit-il d’un phénomène marketing ou d’une mutation profonde de la gestion d’épargne vers une finance durable ?

Quels sont ces critères utilisés ?

Schématiquement il existe en France deux approches :

  • Une consistant à obtenir le Label ISR (1/3 des fonds)
  • L’autre consistant à utiliser de façon discrétionnaire certains critères ESG (2/3 des fonds)

Le Label ISR (Investissement Socialement Responsable) est délivré à la condition de respecter 6 thèmes définis par arrêté :

  • Respect des objectifs généraux recherchés par le fonds
  • Qualité de la méthodologie d’analyse
  • Prise en compte des critères ESG
  • Politique d’engagement ESG avec les entreprises dans lesquelles le fonds investit (vote et dialogue)
  • Transparence de gestion du fonds
  • Mesure des impacts positifs de la gestion ESG sur le développement d’une économie durable

L’obtention de ce label est donc un gage de sérieux mais surtout d’exhaustivité de la méthode ESG.

Car l’alternative laisse le champ à des pratiques très diverses dont certaines n’apportent peu de gage de garantie quant au respect de critères strictes même si la loi sur la transition énergétique oblige les sociétés de gestion à communiquer sur leurs pratiques ESG.

La stratégie dominante (79% des encours ISR à fin 2018 -source AFG) est celle du « Best-in-class » qui est une sélection positive de sociétés : cela consiste à privilégier les entreprises les mieux notées d’un point de vue extra-financier au sein de leur secteur d’activité, sans privilégier ou exclure un secteur par rapport à l’indice boursier servant de base de départ.  L’approche « Best-in-class », largement utilisée par les gérants français de fonds ISR, leur permet de ne pas écarter la répartition sectorielle d’un fonds à celle de son indice de référence. Il est donc commun de trouver dans ce style de fonds des sociétés comme Total ou McDonald’s, ce qui n’est pas très intuitif.

Les approches thématique ESG ou exclusions sectorielles sont plus « radicales » et représentent environ 21% des encours ISR.  Dans ces approches, les sociétés qui ne respectent pas certains critères ESG sont éliminés de l’univers d’investissement. Reste toutefois pour les épargnants à choisir entre le E, le S et le G, car certains fonds ISR peuvent être en pointe dans un domaine particulier (le social, par exemple), mais en retrait sur un autre (l’environnement, la gouvernance). En fonction de sa propre conception de la finance durable, on ira donc vers les uns ou les autres.

Certaines sociétés, type Morningstar propose d’évaluer le contenu ESG de chaque fonds (Morningstar Sustainability Rating) mais leurs méthodologies restent fragiles et leurs résultats sont sujet à caution.

Les fonds d’investissement responsable sont-ils financièrement performants ?

Au-delà du caractère éthique de l’investissement, reste à prendre en compte la performance financière du fonds.

Beaucoup d’études ont essayé de comparer les performances de fonds « classiques » à ceux à connotation ESG. La bonne nouvelle est que les rendements sont au rendez-vous et il est donc possible de cumuler investissement éthique et rentabilité. Dans certains, cas les performances sont même supérieures à celle de la gestion classique :